Après un nouvel épisode de gel début avril 2021 sur la quasi-totalité des vignobles français, le risque resurgit à nouveau dans le vignoble cognaçais. Cela fait écho aux trop faibles récoltes de 2016 et 2017 ou 1991. Suite aux aléas de début avril et de début mai, les dégâts sont très hétérogènes, et les conséquences à anticiper au cas par cas.
Face à toute menace, il convient d’en apprécier l’impact, l’occurrence et l’intensité. Un risque qui semble peu probable et avec des incidences mineures pèsera moins lourd sur la pérennité d’une exploitation qu’un risque susceptible de se produire chaque année et qui anéantirait toutes les ressources d’une entreprise.
S’agissant du gel, la première conséquence évidente est une baisse du niveau de production. Cela peut être dommageable pour la filière, si elle venait à ne pas pouvoir répondre à la demande du marché. Le marché du Cognac, par chance, offre un cycle de commercialisation long, ce qui permet aux professionnels d’adapter l’offre et ainsi de maintenir leurs places sur le secteur des spiritueux.
Pour les exploitations, la diminution de la récolte est, en l’absence de dispositif compensateur, synonyme de baisse de chiffre d’affaires. Comment maintenir la stratégie d’investissement, de renouvellement dans ce contexte ? Comment assurer les ressources financières du foyer ?
Répondre à ces questions et assurer la pérennité de l’entreprise, revient à se demander comment se prémunir d’un risque ? La meilleure des solutions reste encore « l’évitement » : c’est-à-dire faire en sorte qu’il ne se produise pas, mais cela n’est pas toujours possible. Dans ce cas, il est possible de faire le choix de faire « assumer » le risque par l’entreprise, par exemple via de l’épargne liquide et disponible. Et enfin, « Déléguer » /externaliser est aussi une possibilité offerte par les assurances.
Si l’on en revient aux risques climatiques et, plus précisément, au risque de gel à Cognac, plusieurs outils existent :
Stratégie d’évitement
- Les matériels de lutte : ils permettent, sous certaines conditions, de limiter le risque gel. Citons les tours antigel, éoliennes mobiles, chaufferettes à granulés, aspersion, micro-aspersion, etc. Ces moyens de lutte présentent des coûts non négligeables et peuvent nécessiter beaucoup de main d’œuvre.
Choix d’assumer
– Financièrement
- Les placements financiers : ils permettent d’atténuer les pertes financières. Ce choix de gestion dépend de la possibilité et de la volonté du viticulteur d’arbitrer des excédents de trésorerie (au détriment de certains investissements) sur les bonnes années pour les affecter à la gestion du risque et ce, d’autant plus que les niveaux de réserves climatiques ont de la peine à se reconstituer. Notons que la stratégie de financement (auto financement ou emprunt) et prépondérante pour constituer des excédents, dits « trésor de guerre ».
– Par substitution de la récolte
- La réserve climatique : limitée à 10 hl ap/ha, elle peut permettre de couvrir les volumes grâce au déblocage d’EDV en réserve. Elle permet de « substituer » un déficit de récolte. Le rendement annuel commercialisable est une variable importante dans la possibilité ou non de constituer des réserves pour les viticulteurs.
- Les stocks : ils peuvent aussi palier le risque et permettre de compenser les contrats engagés avec les négociants. Cet outil est bénéfique en période de marché porteur, il faudra aussi être vigilant aux répercussions sur les volumes de vente des années suivantes.
Choix de déléguer
- L’assurance multirisque (gel, grêle, sécheresse) : subventionnée par l’Union Européenne, elle garantit une couverture financière grâce aux indemnités. Il faudra être attentif aux modalités d’évaluation des pertes et à la franchise. Bien qu’onéreuse, il convient aussi de relativiser son coût vis-à-vis de la couverture offerte. Comment mon exploitation peut-elle continuer à avancer si, sur une année, je n’ai pas de recettes, ou très peu ?
L’ensemble de ces outils peut faire partie intégrante de la stratégie globale de maîtrise des risques des viticulteurs et chaque choix aura une incidence différente. Il appartient aux exploitants d’utiliser ces solutions en toute conscience. Les conseillers Cerfrance sont là pour vous accompagner dans chacune de ces démarches, y compris dans l’anticipation (comment quantifier le risque) et les perspectives de couverture.
Les aides de la Région
La Région Nouvelle-Aquitaine vient de décider d’une enveloppe budgétaire pour l’indemnisation rapide des exploitations viticoles et arboricoles déjà en difficulté financière et touchées par l’épisode de gel des dernières semaines. Plusieurs critères devront être respectés pour avoir accès au dispositif (taux d’endettement, Trésorerie, EBE/produits brut, revenu disponible par unité de travail agricole non salarié).