La transition écologique offre, et va offrir, des opportunités de développement des chiffres d’affaires pour les artisans de tout secteur. Attention cependant à maîtriser les coûts d’adaptation à ces marchés et à en limiter les coûts parfois cachés.
L’utilisation de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux ou process pour la transition écologique et énergétique va nécessiter des heures de formation et des temps d’apprentissage qui vont constituer des charges directement liées au développement de ces nouveaux savoir-faire pour les artisans. Il faudra y ajouter certainement une baisse de la productivité du travail, au moins dans un premier temps, conséquence évidente des adaptations organisationnelles.
Des impacts à mesurer
Il n’est pas rare que les entrepreneurs sous-estiment l’impact des nouveaux marchés ou services sur l’organisation du travail et sur le fonctionnement au jour le jour de leur entreprise. Bien souvent d’ailleurs, les entreprises se retrouvent en difficulté non pas par manque de débouchés mais par la découverte de coûts cachés pour répondre à ces marchés méconnus.
Ajoutons également aux coûts à supporter toutes les charges d’amortissement des investissements (en matériel et équipements surtout). Vigilance donc, mais les opportunités sont là pour les petites entreprises de services et de l’artisanat.
Vigilance aussi avec l’arrivée de nouveaux opérateurs qui ne manqueront pas d’entrer sur ces marchés en déstabilisant
parfois les entreprises existantes. On le voit déjà depuis quelques mois avec les offres “insistantes”, téléphoniques ou
par messagerie, pour l’isolation à 1 € où de nouveaux acteurs s’immiscent dans le secteur du bâtiment. Car l’isolation
des bâtiments sera un des marchés majeurs qui vont s’inscrire dans la durée, comme la production individuelle
d’énergie ou encore les activités de recyclage.
Afin de gérer ces développements de marchés, les disponibilités en main d’œuvre seront cruciales. Or on sait que l’artisanat est déjà un secteur en tension. Ce sera par conséquent un élément décisif dans la capacité des entreprises
à bénéficier ou non de cette manne de croissance
L’innovation au coeur de la transition écologique
Les opportunités seront aussi dépendantes des potentiels d’innovation que va offrir la transition écologique et énergétique. Nombre de “start-up” se créent et se nourrissent du champ offert par les incitations et subventions proposées par les États. Cela peut paraître confus parfois mais la relance économique d’après Covid-19 s’appuiera en partie sur des soutiens publics européens ou nationaux. Aux entrepreneurs d’être en veille pour profiter de ces effets “levier” pour consolider, voire développer, leur chiffre d’affaires. On peut espérer que nombre de programmes publics pour accompagner la transition écologique seront gérés à l’échelle des régions et des collectivités territoriales.
Ce serait alors plus accessible pour les entrepreneurs. Si les économistes ont du mal à chiffrer le potentiel exact du
chiffre d’affaires apporté par la transition écologique, on sait cependant que l’activité ne va pas manquer pour les
entreprises. C’est en soi un message positif dans cette période si incertaine.
Jacques Mathé, économiste
Article issu du magazine Cerfrance « Gérer pour Gagner » Novembre Décembre 2020 Janvier 2021 – Retrouvez l’intégralité du magazine dans votre espace client.