En agriculture, il n’existe pas de voie royale qui mènerait à la réussite à coup sûr. À chacun de trouver le système dans lequel il se sent bien. Toutefois, la cohérence globale des facteurs de production garantit plus de chances de succès.
Il n’y a pas de production agricole sans les 3 facteurs de production que sont : la terre, le capital (bâtiment, matériel, cheptel…) et la main-d’œuvre. Certes, on ne choisit pas tout, il faut parfois faire avec ce que l’on a. Pourtant, le porteur de projet doit bien partir de lui-même pour définir son but, correspondant à son envie (« ce que je veux »). Il devra aussi inévitablement analyser les moyens dont il dispose (« ce que je peux ») pour mesurer la faisabilité de son projet. Après cette étape, l’enjeu sera de se fixer des objectifs compatibles avec une combinaison harmonieuse et équilibrée des facteurs terre / capital / main-d’œuvre.
1. La terre
La disponibilité en surface et la qualité agronomique des sols sont deux éléments clés à prendre en compte pour bâtir un système d’exploitation équilibré. La disponibilité foncière est le facteur le plus difficile à maîtriser puisqu’il ne dépend pas que du chef d’exploitation et les opportunités ne sont pas toujours faciles à identifier. Jamais de certitude très en amont en la matière ! En revanche, le chef d’exploitation garde la main sur le niveau d’intensification de ses sols et sur les choix d’assolement, de fertilisation… Autant ne pas subir ce qui peut être choisi et mettre en œuvre un projet qui permet de rester en accord avec son désir profond.
2. Le capital
Il se compose des bâtiments, matériels, cheptels, stocks et actifs financiers. De sa composition dépendront la capacité de production, les conditions de travail et le niveau d’endettement, souvent pour de longues années. Les équipements ont pour but de produire des volumes suffisants pour valoriser le potentiel des sols. Autant que possible, ils offriront de bonnes conditions pour rendre le système vivable. Ces équipements doivent être réfléchis pour que le niveau des engagements financiers soit compatible avec le volume de production qu’ils permettent, condition sine qua non de la viabilité du système.
3. La main-d’œuvre
Le facteur travail est le plus difficile à évaluer, puisque subjectif en fonction des personnes, et très lié à d’autres paramètres que sont, notamment, les conditions de travail. La clé reste encore une fois de bien se connaître pour bâtir un projet en adéquation avec ses aspirations profondes et ses capacités. Adapter le volume de production envisagé à la main-d’œuvre (ou inversement, adapter la main-d’œuvre, par l’embauche, choisie et non subie) est essentiel pour la bonne valorisation du potentiel de l’exploitation. Cette adéquation des moyens garantit en effet une meilleure efficacité globale du système (meilleure organisation, meilleure productivité, meilleure performance…).
S’il faut souvent se projeter quand on fait des choix d’investissement pour ne pas se retrouver très vite à l’étroit, il ne faut pas aller trop vite non plus si les décisions prises engagent l’entreprise sur un temps long. Il est donc primordial d’envisager les opportunités qui pourraient se présenter à l’avenir. Ce travail permettra, par exemple, de réfléchir au positionnement du bloc traite ou de la fosse à lisier de manière à rendre possible l’extension future du bâtiment. À l’inverse, il faut éviter, notamment, de se retrouver avec un bâtiment que l’on remplit d’animaux, pour lesquels il faut acheter des fourrages faute de surface suffisante et avec une main-d’œuvre insuffisante à la suite du départ en retraite des parents.