L’actualité quotidienne nous rappelle sans cesse la phase d’évolution et d’incertitudes à laquelle chacun doit faire face. Le mot changement est bien souvent associé à celui de crise, soulignant l’instabilité, la perte de repères et une forme de crainte qui rendent les prises de décisions complexes et incertaines.
Mais derrière ce mot crise, il est intéressant d’en découvrir l’écriture chinoise qui l’illustre en 2 idéogrammes qui représentent le danger et les opportunités.
Faire du danger une opportunité, faire de l’instabilité une ouverture vers de nouveaux horizons. La vision devient alors bien plus positive, en évitant de se focaliser sur les peurs générées par le changement.
La situation de crise
Elle correspond davantage à un état temporaire où chacun aspire à retrouver au plus vite la situation antérieure. Le monde viticole y est actuellement confronté :
- La gestion du personnel avec de nombreuses difficultés à recruter, à stabiliser les équipes. Du temps et de l’énergie consacrés aux équipes de plus en plus important pour le dirigeant.
- Des aléas climatiques avec des périodes de sécheresse, d’autres périodes d’humidité, ne permettant pas d’assurer une stabilité du processus de production. Sans compter les épisodes de gel, de grêles, altérant fortement les récoltes ces dernières années.
- Des incertitudes économiques avec un impact direct sur la commercialisation. Quelle politique en Chine ou ailleurs, avec un risque sur l’accès au marché ? Quelles évolutions du coût de l’énergie, impactant fortement le coût de production ? Quelles orientations politiques avec quels enjeux pour l’entreprise ?
Crise ou mutation ?
Tous ces facteurs ne sont-ils pas que conjoncturels, laissant imaginer un retour à la « normale » dans quelque temps ? Seule l’évolution du calendrier est alors sujette d’observation pour connaître le temps d’instabilité restant.
Ou tous ces indicateurs ne sont-ils pas que des marqueurs de la phase de mutation en cours, marquant les adaptations d’ampleurs auxquelles chacun doit se confronter et prendre position ?
Les mêmes thématiques prennent une autre ampleur en les observant sur le temps long :
- Le changement climatique. Il n’est pas là question de chercher des responsables ou de fermer les yeux, mais seulement de se dire : les conditions futures seront-elles différentes et en quoi peuvent-elles imposer des évolutions dans le mode de production ?
- L’instabilité économique. Les guerres nous étaient lointaines, les tensions géopolitiques apaisées, le marché mondial pleinement ouvert. Qu’en est-il aujourd’hui ? Comment s’adapter dans cette instabilité planétaire ? Des menaces se profilent, mais n’y a-t-il pas d’autres opportunités ?
- Les évolutions sociétales : les comportements au travail apparaissent également en pleine évolution. Il n’est pas seulement question de conflit de générations, mais plus globalement de modifications de regard et d’attentes qui impactent directement la gestion du quotidien des entreprises. Comment concilier les attentes de salariés et les exigences de l’entreprise ?
Le quotidien du dirigeant sort bien souvent de la gestion de la production pour s’orienter vers un rôle de pilote aux multiples casquettes. À la fois visionnaire, manager, chef de production, gestionnaire… Motivant et dynamisant pour certains, énergivore et source d’interrogation sur le métier pour d’autres.
Les phases d’acceptation du changement
Quel que soit le changement à opérer, il suit un processus inéluctable permettant de passer d’une situation à une autre. Accepter ces évolutions ne se fait pas d’un claquement de doigts. Plusieurs étapes se succèdent pour accepter de ne pas reproduire ce que l’on connaît, pour avancer vers un nouveau scénario à mettre en œuvre.
Un cheminement, au travers plusieurs étapes incontournables, constituent la courbe du changement :
- La première réaction nous pousse souvent à ignorer la situation en cours : le déni. « Ce n’est rien. Ça va passer. Tout va revenir comme avant. ». Nous fermons les yeux en attendant, en espérant, que ce passage n’est qu’un cours intermède avant de retrouver la situation initiale que nous connaissions.
- La prise de conscience que le changement est bien présent provoque tout d’abord une vive émotion : la colère, la peur. Ces émotions nous permettent de nous mettre en mouvement, à ne pas accepter la situation, tout en définissant le périmètre de sécurité dont chacun a besoin.
- Il est ensuite indispensable d’accepter le renoncement à la situation passée, provoquant une forme de tristesse. Le même processus se met en place pour une idée, un projet, une façon de travailler… Elle est nécessaire pour ne pas focaliser l’attention sur la situation passée, mais sur l’avenir.
- L’acceptation et la construction. Après avoir non pas tiré un trait sur le passé, mais valider que le lendemain sera différent, il devient alors possible d’imaginer de nouvelles évolutions, de se projeter et de construire de nouveaux projets. Avec la motivation pour un futur meilleur, source de joie nouvelle.
Ces différentes étapes représentent un processus immuable, une forme de passage obligé pour se projeter dans une phase de changement. Pour certains, la succession des étapes peut être rapide, mais chacune d’entre-elles est bien présente. Pour d’autres, le cheminement peut demander davantage de temps. L’important est de connaître ce processus pour être conscient des étapes, pour accepter et construire un futur différent.
Des leviers à activer pour bien vivre cette phase de changement
Quand les décisions deviennent complexes, que les orientations sont floues, que le devenir est incertain, la priorité consiste à se recentrer sur soi. En effet, votre impact personnel est bien plus important sur votre propre fonctionnement que sur celui des autres facteurs, qu’ils soient climatiques, économiques, politiques ou sociétaux.
Se concentrer sur sa vision, savoir exprimer ce que l’on vit, ce que l’on ressent. Il est primordial pour le dirigeant de se poser pour analyser la situation, les enjeux, pour visualiser une trajectoire d’évolution.
Il ne s’agit pas de prédire l’avenir, mais de donner une orientation claire en adéquation avec ses valeurs et ses objectifs.
La définition de la Politique Générale de l’Entreprise est un exercice intéressant. En clarifiant ce qui vous est important, en précisant les logiques d’évolutions souhaitées et en cadrant les règles et les enjeux à respecter, la visualisation des évolutions possibles devient plus claire. L’élaboration de différents scénarios est alors plus fluide, avec la possibilité d’y attribuer des ordres de priorité plutôt que de s’imposer à choisir et renoncer.
Le champ des possibles se dessine et vous ouvre des portes là où elles semblaient être closes. De nouvelles opportunités naissent.
Se poser de façon structurée sur ces questions permet de clarifier ce qui vous est essentiel, pour visualiser plus distinctement les évolutions et adaptations. Vous pourrez alors engager des stratégies et des actions pour concrétiser ces orientations.
Un peu de temps et de méthode, en se recentrant sur le(s) dirigeant(s), vous feront gagner un temps précieux pour des prises de décisions claires, innovantes et efficaces. Pour se lancer dans cet exercice, l’appui d’un œil extérieur ou le partage en action collective s’avèrent essentiels pour faciliter les expressions.
Une approche spécifique est conduite par le Cerfrance pour aider un chef d’entreprise, ou une équipe, à se poser, fixer lui-même ses orientations, activer les ressources nécessaires, identifier et lever ses freins. Des accompagnements individuels ou des parcours collectifs (Entreprendre et Réussir, Les Clés du Changement) sont proposés en s’adaptant aux particularités de chacun avec l’élaboration de la Politique Générale, de la Conduite de projet, voir du coaching du dirigeant ou d’équipe.
Des séances d’échanges, de questionnement, de challenges, de construction, où l’humain est au centre des discussions !
« Quand on ne sait pas ce qui va arriver, il est important de savoir ce que l’on veut devenir »