Nos salariés ont des jours de congés à prendre, et nous aurions souhaité qu’ils puissent les solder au maximum avant que l’activité ne reprenne. Que pouvons-nous faire ?
Si cette question des congés payés se pose chaque année pour bon nombre d’entreprises, elle est particulièrement sensible cette année dans le contexte que nous connaissons, et notamment avec les perspectives de reprise annoncées.
En effet, il apparait que sur 2020, les salariés n’ont pas posé beaucoup de congés payés, notamment s’ils étaient en activité partielle.
De ce fait, les entreprises se retrouvent aujourd’hui avec des « compteurs » de jours à prendre relativement importants.
Il est donc légitime pour ces entreprises de vouloir anticiper au maximum la prise de ces congés afin de ne pas être « pénalisées » lors de la reprise d’activité par l’absence de leurs salariés.
Solder les congés au 31 mai
La règle de base en matière de congés payés est que les jours de congés acquis au titre d’une année doivent impérativement être soldés avant le 31 mai, sous peine que ces congés soient perdus (sauf si le salarié était dans l’impossibilité de les prendre).
Imposer la prise de congés
Il est dans les prérogatives de l’employeur que de fixer les dates de congés pour ses salariés, sous réserve néanmoins de respecter certaines périodes ou principes, tels que le délai de prévenance d’un mois.
Dans le cadre des mesures d’urgence liées à la crise sanitaire, le gouvernement a autorisé les entreprises à pouvoir « imposer » à leurs salariés de prendre (selon les situations) jusqu’à 6 jours de congés payés, et ce sans que les salariés ne puissent s’y opposer et avec un délai de prévenance réduit à 1 seul jour.
Seule condition pour mettre en œuvre cette mesure : la négociation d’un accord de branche ou d’entreprise.
Un projet de loi datant du 28 avril, vise à prolonger cette mesure jusqu’au 31 octobre 2021, et permettrait à l’employeur d’imposer 8 jours de congés (au lieu de 6 actuellement).
Refuser les annulations de congés
Il est vrai que la situation sanitaire génère certains désagréments qui ne sont pas pour inciter les salariés à prendre des vacances : couvre-feu, interdiction des déplacements, fermeture des frontières…
Pour ces raisons, certains salariés peuvent donc être tentés de demander l’annulation et le report à une date plus « propice » de leurs congés.
Face à une telle situation, et bien que cela puisse être mal vécu par le salarié, l’employeur est néanmoins totalement libre de refuser cette demande d’annulation ou de report.
Monétiser les congés payés
La loi interdit sur le principe le fait que l’employeur (même avec l’accord de son salarié) puisse indemniser des jours de congés payés qui ne pourraient pas être pris.
Néanmoins, dans le cadre des mesures exceptionnelles liées à la COVID-19, et sous réserve d’un accord collectif, l’entreprise peut convenir jusqu’au 30 juin 2021, de la monétisation de congés payés dans la limite de 5 jours, pour compenser la baisse de rémunération subie en raison de l’activité partielle.
Kévin Tortil, Juriste Droit Social
Article issu de la Lettre aux employeurs de Mai 2021.